L’hypnose est un état naturel que nous traversons plusieurs fois par jour. Par exemple, il nous arrive de nous échapper en pensée pendant que nous conduisons, d’être absorbé par un paysage pendant que nous marchons, voire distrait dans la lecture d’un roman au point de parcourir plusieurs fois la même page tandis que nos gestes et notre corps sont en pilotage automatique. Il y a une distorsion du temps et de l’espace. Nous sommes ici et en même temps ailleurs. Nous n’y prêtons pas attention et pourtant dans cette disposition particulière nos perceptions sensorielles sont en éveil.

François Roustang le définit comme un état de « veille paradoxale » dans lequel « l’atonie musculaire et posturale s’allie avec une activité cérébrale intense ». La conscience est à la fois rétrécie par focalisation de l’attention et élargie par la disponibilité à soi et à l’environnement. Cet état est caractérisé par un degré d’augmentation de la réceptivité et de la sensibilité dans lequel il y a toutes les apparences du sommeil, or c’est un moment de travail intense sur le monde imaginaire de sorte que le corps et l’esprit travaillent de conserve. Il s’agit de capter l’attention de l’activité mentale, intellectuelle, de l’apaiser pour atteindre l’état hypnotique, puis d’élargir le champ de conscience vers une activité mentale intériorisée, dirigée selon un but précis, celui que vous aurez formulé lors d’un entretien préalable.

L’état hypnotique qui peut être léger, moyen ou profond, est un lieu d’indétermination (F. Roustang) entre le conscient et l’inconscient. Un lieu où peuvent s’opérer des transformations de perceptions sensorielles et où l’anticipation de ce qui n’a pas encore lieu et la stratégie nécessaire à l’accomplissement de l’action deviennent possibilité.